« La force d'une conviction est sans rapport avec sa véracité. » Le problème Spinoza
Irvin David Yalom, né en 1931 à Washington, est un curieux personnage, juif d’origine russe, un psychothérapeute réputé qui s’est surtout intéressé aux techniques de la thérapie de groupe. [1] Mais il a aussi excellé dans l’écriture de romans où il met en scène des personnages (historiques) d’horizon différent et qui ont largement contribué à son succès.
Il a également écrit deux ouvrages de référence, fruits e sa propre expérience, le premier Everyday Gets a Little Closer (1974) qui décrit le processus de prise en charge d’une patiente à partir des témoignages du thérapeute et de sa patiente, relatant leur expérience et l’évolution de leur relation. On peut ainsi suivre leurs interactions, leurs points de vue et leurs sentiments tout au long de cette expérience. Le second intitulé "Une question de mort et de vie", co écrit avec sa femme Marilyn, constitue un témoignage très personnel qui relate le combat qu’ils ont mené contre le cancer qui va l’emporter, analyse les phénomènes de fin de vie et de perte de l’être aimé.
« Les enfants privés de l’amour maternel ne parviennent pas à entretenir la confiance minimale requise pour s’aimer eux-mêmes, pour croire que les autres vont les aimer ou, tout simplement pour aimer la vie. » La méthode Schopenhauer
Au-delà de ses livres sur la psychologie, David Yalom a aussi publié des romans basés également sur l’univers psychothérapeutique, tels que Et Nietzsche a pleuré [2], Mensonges sur le divan, Le problème Spinoza ou La méthode Schopenhauer.
Dans ce dernier par exemple, Schopenhauer est au centre de la relation entre Julius Hertzfeld, célèbre psychiatre, mourant, et un ancien patient, l'arrogant Philip Slate, devenu lui aussi psychothérapeute.
Dans La Malédiction du chat hongrois, Yalom revient sur l’analyse de l'âme humaine et le lien entre patient et thérapeute à travers six récits où la femme (Paula, Irène, Magnolia…) exerce un rôle majeur, de la réalité à la fiction, sur ce qui se passe dans le cabinet du psychothérapeute.
Le problème Spinoza
Pourquoi diable en février 1941 le Reichsleiter Rosenberg met subitement la main sur la bibliothèque du philosophe et juif Baruch Spinoza à Amsterdam, conservée dans la maison de Rijnsburg ? Quel lien peut-il donc exister entre le juif Spinoza et l’idéologue nazi Rosenberg ? Spinoza, un sceptique excommunié en 1656 par les juifs d’Amsterdam et rejeté par sa propre famille.
Le rationnel Spinoza croyait à une religion universelle guidée par la raison où Dieu se fond dans la Nature. Le bonheur éternel est un leurre puisque l'au-delà n'existe pas. Rosenberg se demande bien ce qui a pu pousser Goethe, qu’il considère comme le plus grand écrivain allemand, à vouer un culte aux obscures écrits d’un juif, à écrire que Spinoza « était un être remarquable ! »
Et Nietzsche a pleuré
Vienne 1882 : c’est l’époque de la naissance de la psychanalyse et nous assistons à la rencontre (fictive) entre le docteur Josef Breuer et un philosophe encore inconnu Friedrich Nietzsche sous l’égide de Lou Salomé son amie qui craint pour la santé mentale de Nietzsche. Breuer
lui propose alors de le soigner de ses migraines insupportables et en
contrepartie de l’aider à désamorcer le rapport néfaste qu’il a avec sa
patiente Bertha Pappenheim (Anna O).
Avec Breuer et son jeune assistant Sigmund Freud, Yalom nous entraîne dans les arcanes de la naissance de la psychanalyse et des prémices de l’écriture du célèbre ouvrage de Nietzsche Ainsi Parlait Zarathoustra.
Ce roman a été adapté en pièce de théâtre par l’auteur argentin Luciano Cazaux puis en 2007 au cinéma par le réalisateur anglais Pinchas Perry.
Notes et références
[1] Voir son livre " La Théorie et la pratique de la psychothérapie de groupe"
où il examine le fonctionnement des personnes au sein d’un groupe, les
modes de communication et la façon dont les membres du groupe tirent
profit de leur participation.
[2] Ce livre a été adapté au cinéma en 2007.
Voir aussi mes fiches :